Telle est l'ambition des promoteurs du futur CHU sur l'Île de Nantes. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Des patients qui n'auraient plus besoin d'hôpital ? En effet les hôpitaux sont soumis à des cures d'austérité depuis au moins la loi Bachelot (2009), à coup de restructuration et de tarification à l'activité. Puis ont fleuri des projets de démolition/reconstruction-en-plus-petit, comme à Nantes, et aussi à Paris-Nord.

Le Grand Hôpital Paris-Nord devait reprendre les activités des hôpitaux Bichat et Beaujon, mais lundi 10 juillet 2023 le juge du tribunal administratif de Montreuil a annulé la déclaration d’utilité publique du plus grand projet hospitalier de France : ce nouvel hôpital « diminue l’offre de soins hospitaliers », et porte ainsi « atteinte au droit fondamental à la protection de la santé », garanti par la Constitution. (plus d'informations par exemple ici).

Qu'en est-il à Nantes ? Est-ce que le droit fondamental à la protection de la santé est garanti par ce nouvel hôpital qui commence à sortir de terre ?

→ jouer sur les chiffres du nombre de lits et places

L'infrastructure sur l'Île de Nantes ne concerne que les domaines de Médecine, Chirurgie et Gynéco-Obstrétique (MCO). Il est annoncé pour ce projet 1417 lits et 296 places. En 2007 le CHU de Nantes comptait 1483 lits et 128 places. Il n'y aurait donc "que" 66 lits en moins compensés par 168 places en plus. Ce qui se joue entre "lits" et "places" c'est le choix de l'ambulatoire (une place ne prévoit pas de séjour pour le patient). Le CHU de Nantes a la folle ambition de passer à 64% d'activité en ambulatoire, objectif jamais atteint car l'hôpital public ne fait pas le choix des patients! Mais les "lits" c'est aussi des soignants, passer de "lits" à "places" correspond à une intensification du travail, et les conditions de travail se dégradent entraînant congés maladie et démissions (actuellement en France on ferme des lits par manque de personnel!).

On rappelle que la population en Loire Atlantique est en constante augmentation, on s'attendrait donc à une augmentation du nombre de lits, mais ce point n'est visiblement pas pris en considération.

→ des fermetures massives hors MCO

Le directeur de l'ARS se félicite de la bonne santé financière du CHU et de son excédant budgétaire... conséquence de coupes importantes : entre 2007 et 2021 les soins de suite et soins longue durée ont perdus 215 lits et la psychiatrie 245 lits (soit respectivement 23% et  45% des capacités), partiellement compensés par des places.

La psychiatrie, et tout particulièrement la pédopsychiatrie, est maintenant en crise profonde, voir ici.

→ l'accès au soin compromis autour de la métropole

Citons le dernier exemple : Ouest-France nous apprend que la maternité d'Ancenis menace de fermer, faute d'avoir anticipé le départ à la retraite d'un gynécologue. Cette maternité assurait 592 accouchements en 2022, pourraient-ils être assurés par le CHU ? On peut en douter : le nombre de naissances à Nantes est en croissance régulière, et les structures actuelles ne permettent pas d'y faire face, celles prévues sur l'Île étant plus petites. Des femmes sont actuellement orientées vers les cliniques privées, ou peuvent être envoyées par hélicoptère dans une maternité de niveau 3 pour les cas difficiles.

 

Pour nous il est clair que le droit à la protection de la santé ne sera pas garanti par ce projet.

 

n.b. Les chiffres de cet article sont issus des données reçues par les membres du Conseil de Surveillance du CHU, nous remercions le comité nantais de la Coordination Nationale des comités de défense des maternités et hôpitaux de proximité pour son travail de synthèse.