Cette table ronde organisée lors du festival pour la santé le 7 mai 2022 était animée par Marie Vitoux.

Rappelant que selon une déclaration de l'OMS datant de 1999 l'environnement est la clé de la santé, Marie Vitoux s'appuie sur un rapport de sénat de 2021 pour insister sur le fait que la santé environnementale est toujours le parent pauvre des politiques publiques. Nous avons ensuite suivi les interventions de :

 

  • Marie Thibaud, représentante du collectif Stop aux cancers de nos enfants . Marie Thibaud nous retrace son combat d'habitante de Sainte Pazanne (44) et maman d'un enfant à qui l'on diagnostique un cancer à l'âge de 5 ans. Ils sont maintenant 25 enfants porteurs d'un cancer, et 7 ont décédés depuis 2015. Elle explique la difficulté de faire reconnaître ce problème sanitaire qui ne correspond pas aux catégories administratives: l'effet cocktail n'est pas considéré, alors que selon l'OMS le cancer de de l'enfant est dans 95% des cas multi-factoriel. Des études scientifiques existent, portées par des laboratoires de  l'INRAE, l'INSERM ou le CNRS, mais cela ne suffit pas à lancer une étude épidémiologique, et O. Véran a encore déclaré début 2022 qu'il n'y avait pas de problèmes spécifiques aux environ de Sainte Pazanne. Le collectif voudrait pouvoir mettre en place un Institut de Recherche indépendant.
  • Patrick Dubreil, médecin en Santé au travail, membre de l'association Henri Pézerat. Il alerte "Les travailleurs sont-ils les invisibles de la santé environnementale ?" Son intervention est à lire ici
  • Michel Le Cler, membre de l'ADZRP : association dongeoise des zones à risque et du Plan de Protection des Risques Technologiques (PPRT). Michel Le Cher nous explique la situation sanitaire de la région industrielle Donges/Montoir : Un PPRT a été acté en 2014, les travaux sont estimés à 10% de la valeur vénale de site, 400 maisons sont concernées. Une étude épidémiologique est demandée car on constate sur la zone : une surmortalité prématurée de 19%, une surmortalité par cancer avant 65 ans de 22%, (et 28% depuis 2019).

Un texte/pétition "la pollution est le mal du siècle" peut être téléchargé ici.

  • Julien Guillard, membre de l'association phyto-victimes. Cette association qui vient en aide aux personnes victimes des pesticides a déjà soutenu 650 personnes depuis 2011. Il s'agit de travailleurs de différents secteurs: agriculture, jardinier, SNCF, DDE, dockeurs... qui peuvent être victimes de différents cancers (sang, lymphe, prostate...) ou de la maladie de Parkinson. Un soutien juridique peut être apporté par le cabinet d'avocats TTLA. L'association organise des conférences de sensibilisation dans les établissements agricoles.

 

Pendant le débat qui a suivi ces interventions, Patrick Dubreil fait un état des lieu : chaque année 450 000 nouveaux cas de cancer sont détectés en France, et il y a 150 000 décès, 3000 d'entre eux seulement sont reconnus comme d'origine professionnelle, alors qu'on les estime à 42000. Dans l'estuaire, le cancer de la plèvre est corrélé aux travaux avec de l'amiante, mais de façon générale il n'y a pas d'interrogations de l'Agence Régionale de Santé sur les conditions de travail et la disparition des CHSCT est regrettable.

 

On remarque que la France détient le triste record en Europe du nombre de morts au travail. Il n'y a pas assez de médecins du travail, d'inspecteurs du travail. Défaut aussi de documents risques, fiches produit, traçage des personnels touchés. De plus la transparence des données n'est pas assurée.

Les freins pour de réels progrès en santé environnementale sont donc d'ordre administratif et aussi financier (s'il faut avoir recours à un avocat) : la directions régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) devrait être indépendante de l'État. Des recherches de causalité pollution/cancer ne peuvent être portées que par des laboratoires étrangers.

 

Il faut demander le retour des CHSCT, et l'autonomie de la Recherche.